Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement ?

Du théâtre documentaire, c’est quoi ? Une forme originale et passionnante, qui peut être drôle et émouvante. C’est le cas avec ce spectacle, très joliment intitulé Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement ? Oui, il est question du monde des paysans, mais pas que. Cette terre nourricière concerne la société entière. Citadins et campagnards, le village global. Chacun dépend de l’autre. Ce n’est pas une fiction, mais du réel. Et le travail de la metteure en scène Isabelle-Loyse Gremaud se fonde justement sur ce lien.

Le spectacle, joué par des comédiens, est fondé sur des témoignages d’agricultrices et d’agriculteurs romands. Pour être un peu direct, cela va des subventions fédérales aux envies de suicide. Il faut aimer se lever tôt pour être paysan et ne pas se coucher non plus devant les difficultés. On a un bien joli canton, comme disait le chansonnier vaudois Gilles, avec ses veaux, ses vaches, ses moutons, ses brochets, et pourquoi pas ses poules et ses lapins, mais encore ses lacs, ses glaciers, son blé et ses vignes et bien sûr sa rivière, la Venoge. Que du terroir. On pourrait l’enfermer dans un tiroir, mais ce n’est pas un meuble, ni un immeuble, c’est la fondation de notre monde.

Le plus épatant dans ce spectacle tient dans l’absence d’amertume et de désabusement. Il y a une force vitale régénérante. Certes, on dépense aujourd’hui bien plus pour les assurances, le loyer, les impôts, voire pour les loisirs, que pour l’alimentation. Mais le monde agricole, c’est sans doute aussi une part de notre survie.

BORD DE SCENE
QUELQUES MINUTES APRES LA FIN DE LA REPRESENTATION, RENCONTRE ENTRE LES ARTISTES ET LE PUBLIC